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MOT DE LA PRÉSIDENCE

MOT DE LA PRÉSIDENCE


Par le Dr Éric Poulin, optométriste et président


 

Évolution numérique

Projet de loi 19 et renseignements de santé : de nouvelles possibilités et de nouvelles exigences auxquelles les optométristes doivent se préparer

L’année 2022 débute tout comme la précédente s’est terminée. Au risque de se tromper encore, souhaitons que cette nouvelle année soit meilleure. Souhaitons aussi que plusieurs mots qui ont fait leur entrée dans notre vocabulaire (Ostrogoth, criblage, Omicron et les autres lettres de l’alphabet grec) puissent être mis en jachère et remplacés par d’autres, plus porteurs.

Comme le mot « mammouth », qualifiant le projet de loi que le ministre Dubé a annoncé il y a quelques mois et qui nous promettait des changements on ne peut plus positifs du système de santé. On nous parlait de changements dans les conditions et l’organisation du travail, d’un certain décloisonnement du système de santé. Bien que cette nouvelle réalité nous semble bien loin, deux annonces importantes du gouvernement mettent la table pour des changements à venir.

DOSSIER SANTÉ NUMÉRIQUE (DSN)

En premier lieu, l’annonce en décembre du projet de loi (PL19) sur les renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives.

Par ces changements, le gouvernement veut moderniser et décentraliser le réseau de la santé en facilitant l’accès aux renseignements des différents organismes du secteur. Ce projet de loi vise essentiellement à favoriser une circulation plus fluide et sécuritaire des renseignements de santé et de services sociaux en fonction de balises bien établies.

Comme l’illustre le ministre Dubé : « [C]'est la donnée qui suivra le patient et non le contraire. C’est-à-dire que l’on pourrait consulter un professionnel dans un établissement, puis un autre dans une autre région par exemple et le dossier informatisé sera toujours disponible pour le soignant. Le patient pourrait aussi consulter son dossier et savoir quel professionnel l’a consulté. »

On peut facilement voir tous les avantages qui découlent, tant pour le patient que pour les praticiens, de ce dossier santé numérique : demande de consultations, échange d’informations, partage de résultats de tests, meilleurs suivis, etc. Et que dire du plaisir de pouvoir faire de l’espace sur le bureau en allant reconduire notre fax à l’écocentre pour son dernier repos ô combien mérité !

Ce virage numérique est depuis longtemps attendu et réclamé de notre part, mais le précurseur de ce qui nous est maintenant proposé, le Dossier santé Québec (DSQ), était surtout une réalité pour les professionnels œuvrant dans le réseau public.

Cette nouvelle mouture où tous les professionnels qui participent aux soins de la population ont accès au dossier numérique permettra aux optométristes de faire partie intégrante du réseau de la santé et nous amènera à redéfinir notre place dans celui-ci. C’est le premier jalon de la création d’une dynamique participative et interdisciplinaire où le patient est central, à l’inverse du système médico-hospitalo-centré actuel.

Il y a loin de la coupe aux lèvres en ce qui concerne une véritable collaboration entre les divers intervenants du secteur oculovisuel, mais la création de ce dossier numérique peut définitivement constituer un point de bascule.

CYBERSÉCURITÉ: Pour éviter une « affaire Desjardins en optométrie »

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » — Spiderman (citation apocryphe !)

Bien sûr, avoir accès aux informations confidentielles des patients aura une contrepartie : nous serons responsables de contrôler l’accès à celles-ci et de les sécuriser. Même chose pour toutes les données de nos patients qui ne seront pas versées au DSN, mais qui font partie du dossier optométrique. Bien que cela devrait déjà être le cas, des protocoles stricts de sécurité et de conservation des données ne sont pas en place partout… Les nouvelles obligations prévues s’appliquent à toutes les organisations, qu’elles soient grosses, moyennes ou petites.

Quelques statistiques :

Tous les risques liés à la cybersécurité sont connus et de plus en plus craints, en particulier par nos gouvernements.

C’est ainsi que le 1er janvier dernier, le gouvernement du Québec a annoncé la création du nouveau Ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Sa mission sera d’assurer une protection optimale lors de la circulation des données publiques et de lutter contre les cybermenaces et les cyberattaques.

On y parle aussi de la mise en place d’une identité numérique citoyenne, qui permettrait un accès simplifié aux services de l’État, en toute sécurité.

Et le nouveau ministre de conclure : « La loi 6 nous permet d’agir auprès des organismes et des entreprises pour assurer la cohésion de nos activités de cybersécurité. On n’ira pas dire aux entreprises quoi faire, mais nous pourrons leur imposer des protocoles assez stricts. »

Il faut donc comprendre que nos collègues qui ont encore des Commodore Vic 20 ou 64 (pour les plus vieux !) ou qui n’ont pas de protocoles stricts de sauvegarde de données et de formation du personnel devront s’y investir.

On pense que ça n’arrive qu’aux autres. Qui pourrait bien vouloir hameçonner une clinique ? J’ai dit à mes employés de faire attention…

Il y a là un beau parallèle avec la Covid (encore elle, on y revient toujours !) : on a beau faire attention, suivre les protocoles à la lettre, prendre toutes les précautions requises : bang ! tu te retrouves le patient zéro qui infecte le reste de la famille… Je vous laisse deviner de qui je parle !

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