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MOT DE LA PRÉSIDENCE

MOT DE LA PRÉSIDENCE


Par le Dr Éric Poulin, optométriste et président


 

Le plan santé

Il y a quelques mois, suite à une annonce du gouvernement du Québec d’un projet de refondation du système de santé, j’ai rédigé un éditorial qui relatait les divers problèmes et défis auxquels devrait répondre cette nouvelle politique pour que les optométristes puissent contribuer pleinement aux soins de la population et aux services de première ligne.

Le projet a depuis été dévoilé par le gouvernement du Québec et a maintenant un nom: Plus humain et plus performant, plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé . Ce document de 90 pages trace un portrait de la situation actuelle du système de santé québécois et propose une feuille de route pour atteindre les objectifs fixés.

Dans son message de présentation du document, le ministre Christian Dubé met la table sur les changements qu’il souhaite. Il place la barre haute, très haute, sur les résultats à obtenir :

Le système a montré ses limites. L’heure n’est plus au bilan ni aux rapports d’experts, mais à l’action. (...) Le réseau d’hier était devenu bureaucratique, lourd et dépassé sur le plan technologique. Le réseau de demain sera simplifié et humain. Il s’appuiera sur les meilleures technologies et les meilleures pratiques. Il redeviendra une grande réussite dont nous pourrons être fiers.

Il poursuit en détaillant les principes qui seront les fondements des actions à venir :

Ce virage doit s’effectuer avec un même objectif toujours en tête : des Québécois qui restent en santé et dans un état de bien-être le plus longtemps possible ainsi qu’une meilleure prise en charge des patients. Pour ce faire, nous miserons sur la pertinence, l’efficience et la création de valeur, dans le respect des principes qui me sont chers, et qui sont chers à notre société : l’universalité, l’accessibilité, l’équité et la qualité des soins.

Vaste programme, mais comment ces beaux principes vont-ils s’incarner dans la réalité ?

Le document qui suit cette présentation nous donne des pistes de solutions dont plusieurs nous interpellent comme optométristes, professionnels de première ligne œuvrant à l’extérieur du réseau de la santé.

Le Plan propose une série de changements (les mots en gras sont de nous) :

  • Améliorer la première ligne et faire en sorte que chaque Québécois puisse être pris en charge par un médecin de famille ou un professionnel de la santé. En orientant le patient vers le bon professionnel en fonction de son enjeu de santé, on fait en sorte que chaque Québécois soit soigné rapidement, au moment où il en a besoin et que ces soins puissent être dispensés à l’extérieur des hôpitaux ;
  • Travailler de concert avec différents partenaires (...) et faire plus de place au privé, dans le respect de l’universalité et de la gratuité des soins. (...) Un financement basé sur le principe selon lequel les patients sont en mesure de choisir eux-mêmes les prestataires qui leur offriront les services dont ils ont besoin, basé sur l’accessibilité aux soins et leur qualité.
  • Assurer un accès à des soins et à des services de qualité dispensés par le bon professionnel de la santé et au moment opportun ;
  • Accroître l’autonomie des différents professionnels de la santé et des services sociaux basée sur l’interdisciplinarité et le décloisonnement des professions.
  • Valoriser l’initiative, le jugement, l’autonomie et l’imputabilité.
plan santé

Vous aurez remarqué que la plupart des changements souhaités pour améliorer le système de santé sont les mêmes que nous revendiquons et mettons de l’avant depuis plusieurs années.

La dernière mouture de notre règlement sur les privilèges thérapeutiques en 2018 faisait le pari de la collégialité avec la deuxième ligne. Beaucoup de restrictions ont été maintenues quant à notre autonomie de traitement et de prise en charge pour miser sur de meilleures communications et une cogestion accrue. Si des progrès certains ont été réalisés sur cette base, force est de constater que l’on prend conscience des limites de cette approche. La réalité du terrain, la charge de travail des différents intervenants et l’absence de communication et d’outils technologiques adéquats compromettent le déploiement de services thérapeutiques plus étendus dans le cadre du modèle actuel, la pandémie faisant le reste.

Il est impératif que le flot de patients dirigé vers la deuxième ligne ou les centres hospitaliers soit diminué. Cela implique que d’autres professionnels que les médecins, dont les optométristes, puissent traiter en première ligne et suivre un plus grand nombre de patients et de conditions. Les optométristes possèdent déjà la formation et l’expertise requise et nous offrons des services sur l’ensemble du territoire québécois. Il faut cesser d’être de simples répartiteurs qui diagnostiquent les conditions, mais qui doivent constamment référer vers nos collègues ophtalmologistes.

Trop d’irritants et de restrictions limitent nos interventions, pour les mauvaises raisons.

Heureusement, nous ne sommes pas seuls à arriver à ce constat. Pour la première fois, tous les principaux intervenants de la santé semblent être aux diapasons sur l’élargissement de la première ligne à d’autres professionnels.

Le Collège des médecins (CMQ), par l’entremise de son président, le Dr Mauril Gaudreault, avait ces commentaires sur le projet de loi ci-haut mentionné:
 

Une première ligne forte composée de plusieurs professionnels (IPS, pharmaciens, physiothérapeutes, psychologues...) desservirait mieux la population québécoise. Concevoir une première ligne en interdisciplinarité permettrait un accès à des soins et services diversifiés, et valoriserait la complémentarité du travail des professionnels du réseau de la santé. (...) Par ailleurs, afin que la première ligne soit efficiente, les professionnels qui y œuvrent doivent aussi avoir accès à l’expertise spécialisée et aux services diagnostiques de laboratoire et d’imagerie. Les acteurs du réseau doivent pouvoir travailler de front, côte à côte, plutôt qu’à la chaîne. Pour et avec les patients.

De son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) souligne l’adhésion importante de ses membres à un éventuel système de prise de rendez-vous simplifié ou guichet d’accès à la première ligne (GAP) qui « permettrait enfin à plusieurs autres professionnels de la santé (infirmières, psychologues, physiothérapeutes, pharmaciens, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, etc.) d’être la porte d’entrée du système de soins tout en diminuant la surcharge des médecins de famille. L’avenir est là : le bon professionnel au bon moment. »

Même chose du côté des médecins spécialistes (FMSQ) qui rappellent qu’« avec une première ligne forte, nous venons renforcer l’adage du bon patient avec le bon professionnel au bon moment» et permettre une bonification des services de soins spécialisés. Et ceux-ci d’ajouter :  « Au cours de la dernière année, la FMSQ a été un accélérateur de changements en encourageant la cogestion en partenariat avec plusieurs professionnels de la santé, en travaillant la pertinence des soins et en facilitant l’usage de la télémédecine auprès des médecins spécialistes. »

Enfin, l’Ordre des infirmières prône, sans surprise, que :

L’offre de services de première ligne en santé doit être revue en misant sur une collaboration interprofessionnelle accrue. Il faut prioriser la mise en place d’une organisation du travail qui favorise la collaboration élargie entre les professionnels exerçant en première ligne, pour que l’expertise de chacun soit utilisée à bon escient. Une amélioration significative de l’offre de services de première ligne doit prendre appui sur une reconnaissance de l’expertise de tous les professionnels concernés.

Nous assistons peut-être à la tempête parfaite, attendue depuis si longtemps, qui entraînera finalement les changements tant attendus et la reconnaissance de notre expertise.

Le ministre Dubé termine son message en conviant l’ensemble des Québécois à participer à cet important chantier en santé et se dit confiant qu’ils répondront présents pour créer un système plus humain et performant.

Et bien M Dubé, l’Ordre des optométristes du Québec répond non seulement présent, mais vous invite à consulter votre boîte de courriels, nos solutions aux problèmes du secteur de la première ligne de l’oculovisuel s’y trouvent déjà !

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